Bonjour à tous,
J’ai lu et relu vos commentaires. J’ai beaucoup ri. Merci beaucoup, vous êtes extraordinaires.
Bon, je vais répondre à quelques interrogations, mais d’abord, je voudrais vous dire quelque chose « Matetkelkouch. La patience est une vertu. Il faut que je dresse tout le tableau pour que vous puissiez bien comprendre l’histoire. Et je ne peux pas vous dire si je suis ou pas avec Mehdi, ça gâcherait tout. J »
Alors, vous m’avez demandé de me décrire. Comme je l’ai dit dans la première partie, je suis grande, très grande. Je fais 1m80. Je suis brune, cheveux noirs, longs, yeux marrons, une citoyenne lambda quoi. Des fois je me regarde dans la glace et je me dis « Hum, rani chaba lyoum » et des fois je le fais et je me « Oh mon Dieu, c’est quoi cette horreur ». C’est très fluctuant. Je n’ai rien de spécial ou d’extraordinaire et je ne m’en plains pas. J’arrive à passer inaperçue. Je ne me maquille jamais et je ne mets quasiment jamais de vernis à ongles. Je déteste ça. Je n’aime pas les artifices. Li yhabni, yhabni au naturel. Je n’ai pas de complexe particulier. Je m’aime kima Rebbi khlekni. Voilà pour ce qui est de mon portrait.
Lydia, tu m’as demandé si j’étais algéroise. Oui, je le suis. Je suis née et j’ai grandi à Alger. Je n’ai jamais vécu autre part en Algérie et je n’ai pas de « bled » comme la plupart des gens que j’ai connu. Petite, je rêvais d’en avoir et d’y aller pendant les vacances comme mes camarades.
Hassina, tu m’as demandé si j’ai aimé Mehdi quand je l’ai vu, je dirais non. Il me plaisait, mais je ne l’aimais pas. J’étais peut-être jeune mais je n’ai jamais pu associer l’idée d’aimer avec inconnu. Sur ce point-là, j’ai toujours été plus ou moins rationnelle. La première fois que j’ai vu Mehdi, il m’a plu. Il représentait mon idéal masculin, mais je n’étais pas amoureuse de lui, en tout cas pas avant d’être sortie avec lui et d’avoir appris à le connaitre. Pour moi, pour être amoureux et aimer quelqu’un, il faut connaitre cette personne un minimum. Je ne crois pas trop au coup de foudre, même si mes parents prétendent qu’ils ont eu le coup de foudre l’un pour l’autre et que ma grand-mère disait la même chose pour elle et mon grand-père. Je reste sceptique sur cette question. Je sais, je sais, je réfléchis trop.
Lina, tu m’as demandé ce que Mehdi pensait en découvrant qu’Asma l’appelait Aspirine. Il l’a su très tôt. Asma ma tkhelli hata haja fi kelb’ha. Elle lui a dit « Matez3afch bessah menhar cheftek ou ana n3ayetlek Aspirine ». Il a piqué un fou rire, hlef ma yehbes. Des jours après, il riait encore à chaque fois qu’il s’en rappelait.
Je n’ai pas oublié de vous envoyer une capture d’écran de la photo de la carte. C’est juste que j’ai envoyé toutes les parties précédentes en même temps à Soum. Et vous allez être contente, ma mémoire me fait défaut à moi aussi. Quand j’ai retrouvé la carte, je me suis rendue compte que j’avais complétement oublié qu’il y avait hadik la phrase inscrite dessus. Comme quoi, je n’ai pas une aussi bonne mémoire que vous semblez le croire. Comme je l’ai dit, il y a des événements et des situations qui nous marquent, c’est pour ça que nous nous en rappelons.
Pour le fait d’avoir accueilli les sœurs et la mère de Mehdi, pour mes parents c’était normal. Mes parents ont toujours dit qu’ils avaient 4 filles et que ce qu’ils ne souhaitaient pas pour leurs filles, ils ne le souhaitaient à aucune autre fille. Ils l’ont fait parce que deniya dour. On ne sait jamais qui risque de se retrouver demain à leur place. Et si c’était l’une de nous b3id cher, nous aimerions toutes qu’il y ait quelqu’un qui nous tende la main et qui nous protège, sans arrière-pensées.
Enfin, oui, je lis tous les commentaires.
Hanane, j’ai vu le tien et j’ai été touchée. Je n’ai jamais songé à écrire un livre, mais si je le fais vous serez les premières informées.
Amira Ben, hayertini, pourquoi as-tu été chercher ton dico ?
No Or, je n’ai rien contre l’architecture. C’est juste que je n’aime pas ça. Je rêvais d’être avocate, mais je ne méprise aucun cursus, aucune formation. J
Pour les fautes, excusez-moi, je les découvre en même temps que vous. J’ai écrit d’une traite et j’ai balancé à Soum sans relire. Ce n’est pas par fainéantise mais la première ébauche est la meilleure pour moi. C’est la plus sincère et la plus spontanée. Pas retouchée, pas peaufinée, pas remodelée. Kima jat melkelb, tenhet !!!!!
Voili voilou pour aujourd’hui, je vous laisse revenir à votre lecture et n’hésitez pas à faire part de vos commentaires et à poser vos questions.
Je vous adore, continuez comme ça !
Tous les jours que Dieu faisait, je reparlais de la proposition de Mehdi à mon père. Nous étions en décembre et pendant six mois, j’ai lutté avec lui, tous les jours parfois même plusieurs fois dans une journée. Ma mère m’avait dit de lui donner du temps pour qu’elle parle à mon père : « Tu sais, il n’est pas un mauvais bougre, c’est juste un papa qui s’inquiète pour sa fille. ». A l’inverse de papa, maman était plus réceptive à mes arguments, et même si elle restait réservée sur la question, elle était prête à m’épauler. Je devais ce changement de cap à Mani. Maman l’avait appelée pour lui parler de la proposition de Mehdi, pensant trouver échos à son refus et ses arguments auprès de ma grand-mère. Grand mal lui a pris. Mani s’était montrée tellement enthousiaste et ravie que maman en a été déroutée. Ma grand-mère avait été une maman très stricte. Elle ne tolérait aucun écart de conduite et avait exigé beaucoup de ses enfants. Même si elle avait été une maman aimante, elle n’avait jamais fermé les yeux sur la rigueur et la discipline. D’ailleurs, si maman s’était pointée à la maison avec un homme et qu’elle avait annoncé à ma grand-mère qu’elle voulait se marier avec lui à 18 ans, elle l’aurait jetée dans la méditerranée. Pourtant, ma décision à moi, ne semblait guère la gêner. Au contraire, elle en était enchantée. Elle ne comprenait pas la réaction de ma mère, et ma mère ne comprenait pas la sienne. Seulement, maman a toujours été sensible aux arguments de sa mère et sans s’en rendre compte, Mani avait réussi à faire changer d’avis maman.
Plus les jours passaient, plus mes échanges avec papa devenaient brefs du fait des cris et de la colère. Mon père était lassé d’entendre tous les jours la même chose et moi j’étais fâchée de ne pas avoir le droit de disposer librement de ma vie. J’avais même menacé d’arrêter mes études, mais mon père m’avait dit « nti diy3i hyatek 3lajal wahed que tu ne vas jamais épouser. C’est puéril et idiot et ça témoigne de ton immaturité. Ce qui me conforte encore plus dans ma décision » Awch, il avait raison. Menacer d’arrêter les études n’était pas très responsable.
6 mois sont passés et mon père ne démordait pas. Lorsque les résultats de ma première année tombèrent, j’ai vu sa surprise quand il a appris que j’avais brillamment réussi. Il pensait que j’allais me vautrer lamentablement, au lieu de quoi, j’avais tenu le bon bout, encouragée par ma mère et Mehdi et j’avais validé mon année avec de bonnes notes.
Mehdi ignorait que je faisais du harcèlement à mon père. Je savais qu’il désapprouverait et qu’en tentant de me calmer, il risquait de me faire avouer ce que je lui cachais.
En juin, mon père avait programmé des vacances en Tunisie. Il parlait de l’hôtel qu’il allait choisir et du fait que nous allions nous amuser.
Moi : Nous ? chkoun nous ?
Papa : ntouma ou ana ou yemmakoum.
Moi : Ana manjich. Machi 3am kamel ou nta tghem fiya, bach yelhak sif nzid nek3ed nkabel fik H 24.
Nous étions en train de manger et lorsque j’avais parlé, tout le monde s’était arrêté et me regardait. Je voyais dans le regard de mes sœurs qu’elles me suppliaient de ne rien dire et de continuer à manger, elles ne voulaient pas d’une énième dispute. Des années plus tard, ma plus jeune sœur m’avait avoué qu’elles en étaient arrivées à avoir peur des diners parce que ça finissait toujours en dispute et qu’aucune d’elles n’aimait assister à ça.
Papa : Ya tik saha ya chatra. Rebbi, khaf ou tkelek, bach yji un morveux ykhalet koulech.
Moi : Papa ne ramène pas tout à Mehdi. Je ne veux pas venir parce que je suis en colère contre toi, pas à cause de Mehdi. Je ne veux pas venir parce que tu essayes de m’imposer tes choix au lieu de m’écouter et me respecter. Toute ma vie tu m’as répété de ne pas avoir peur de mes rêves et de ne jamais voir petit, parce que rien n’est impossible quand on veut. Tu m’as toujours assurée de ton soutien. Et aujourd’hui que je choisis un chemin qui ne correspond pas au tracé que tu as fait pour ma vie, tu tournes le dos à tout ce que tu m’as appris et tu voudrais que je passe deux semaines à te regarder faire le guignol avec des blagues qui ne sont jamais drôles.
Mon père était un homme très gentil et très aimant. Il était très blagueur et passait son temps à essayer de nous faire rire. Pour lui le rire était le remède à tous les maux.
Je sais que j’ai été très injuste avec mon père ce jour-là. Mais même si je ne voulais pas le reconnaitre, j’étais immature et un peu égoïste aussi.
Ce soir-là, le diner se poursuivit dans un silence religieux. Tous les soirs, je me faisais sermonner par ma mère sur mon comportement avec mon père. Ma mère encourageait notre soif de liberté mais ne tolérait pas l’insolence. Après le diner, elle me passa un savon.
Maman : Sme3ti wech koulti l babak ?
Moi : rien que je n’avais pas dit auparavant.
Maman : Zidi tewli lsanek m3ah, nkesserlek snanek. Khsara dar zman ou rje3ti twila 3liya, sinon loukane rani souwektlek lhar.
Moi : Ça ne m’aurait pas arrêté. Ya 3ajabet la3jeb, hyati kamel ou ntouma tkouli, bats-toi pour ce que tu veux, ma tesktiche 3la hekek même avec nous, crois en toi. Et lyoum bedeltou raykoum.
Maman : je n’ai pas la patience de ton père, calme-toi. (Tout de suite je suis redescendue d’un cran). Ce n’est pas ton combat qui me dérange, c’est la façon que tu as de t’adresser à ton père. Le problème avec toi a toujours été le même, tu es en perpétuel combat contre l’autorité. Apprends à te retirer pour laisser les choses se calmer. J’attends que ton père se calme pour lui parler depuis des mois et toi tu remets une tonne d’huile sur le feu tous les jours si bien que ce feu est en train de tous nous dévorer dans cette famille. Je vais t’accorder une chose cette fois et je pense que c’est une très bonne idée : ne viens pas avec nous en Tunisie. Nous avons tous besoin de souffler sans cette pression et cette tension. Je vais appeler ta tante qui viendra rester avec toi, le temps de notre séjour.
Aujourd’hui, je constate qu’avec toutes les disputes qu’il y avait à la maison et l’éternel débat autour de mon mariage avec Mehdi, papa ne m’avait jamais demandé de ne plus le voir. Je sais que dans la même situation, j’aurais dit à ma fille d’aller se faire voir et d’arrêter de voir cet idiot. Au contraire, mon père n’avait jamais tenté d’interférer dans ma relation.
Mes parents et mes sœurs sont partis sans moi. Je suis restée avec ma tante Linda. Je voyais Mehdi tous les jours. Il ne comprenait pas pourquoi je n’étais pas partie avec ma famille. Je lui avais menti, je lui avais dit qu’il me manquerait trop et que je ne tiendrais pas sans le voir. Mehdi me connaissait suffisamment bien pour ne pas croire à cette version. Seulement, il eut la gentillesse de faire semblant de me croire.
Ma mère avait raison. Cette séparation avait été salutaire pour tout le monde. Les deux semaines avaient passé très vite et à leur retour, mes sœurs et mes parents semblaient s’être reposés. Le soir de leur retour, maman m’avait prise à part et m’avait dit qu’elle voulait me parler, mais à moi sa fille qui se croit mure pour se marier et pas li tetfechech fi koul doura. Elle a attendu que mes sœurs aillent se coucher, et bizarrement elles ont disparu dans leurs chambres immédiatement après le diner-. Elle m’a demandé de la rejoindre au salon où mon père regardait la télé et ferma la porte derrière nous.
Maman : Je suis fatiguée de cette histoire qui dure depuis un certain temps et qui pourrit la famille. Alors maintenant vous allez m’écouter, vous asseoir et discuter comme des gens civilisés ou je vous promets que je vous mets dehors tous les deux.
Maman est une femme très douce et calme mais quand elle s’énerve, il vaut mieux baisser la tête et se taire.
Papa : de quoi veux-tu parler ?
Maman : zoudj rissane ch’hem tlakaw.
Papa : Ma3endi mankoul, ana hdert ou khlas.
Maman : Rien n’est gravé dans le marbre et de la discussion jaillit la lumière. Vous allez rester ici et discuter jusqu’à ce que nous puissions pourvoir l’humanité entière en lumière.
Papa : Je ne vois pas pourquoi j’aurais à me justifier et à écouter vos discours.
Moi : parce que ta décision est basée sur de mauvaises raisons.
Papa : win 3labalek ?
Moi : aucun de tes arguments n’est valable. Tu dis que je suis trop jeune. Qui a décrété que c’était le cas et sur quelle base ? Tu m’as toujours dit que j’étais bien plus mature que certaines femmes de quarante ans. Tu m’as toujours dit de croire en moi et en mes rêves. Il n’y a rien qui me terrifie autant que l’idée de me marier avec Mehdi, pourtant rien ne me rendrait plus heureuse. Tu le sais bien toi. Tu as aimé maman et tu connais ce sentiment. Et pour ce qui est de la famille de Mehdi, je refuse même d’écouter cet argument, parce qu’il n’a aucun sens et te ressemble tellement peu que je préfère l’ignorer.
Papa : C’est justement cet aspect de ce mariage qui m’inquiète.
Maman : 3lach ? men wekta 3aib lwaldin 3aib lewled ? wella 3aib lewled 3aib lwaldin ? Les enfants sont le reflet de leurs parents, je suis d’accord mais heureusement que ce n’est pas une règle fixe et définitive. Mehdi est un très gentil garçon et personne dans notre entourage ne peut dire le contraire. Les choix et les erreurs de son père ne doivent pas le définir. Ce ne serait pas juste pour lui ni pour nous.
C’est à cet instant que j’ai compris que mes parents savaient pour le père de Mehdi.
Moi : Thab loukane ja 3endek wlidek ou nass ykoulou 3lih hakda. Wella kachi mra wlidha yhab yetzewedj m3a wahda fina ou hiya elle lui dit houma machi mlah khater babahoum atalhoum la liberté ou yemmahoum gawriya ou machi mlahfa.
Papa :Yemmak est la meilleure des personnes que j’ai jamais rencontrées. Et c’est stupide de penser ainsi.
Moi : Pourtant c’est ton raisonnement.
Mon père me fusilla du regard.
Maman : Tu ne peux pas garder tes filles avec toi éternellement. C’est impossible. Ce serait malsain pour toi et pour elles. Nous nous étions promis que nous n’emprisonnerions pas nos filles mais que nous les aiderions à avoir la plus belle vie qui soit. Meriem thab Mehdi et j’ai envie de te dire Hamdoullah li c’est réciproque. Tu aurais préféré qu’il lui brise le cœur et qu’elle passe ses journées à pleurer et à faire une dépression ? Ta3ref Meriem khir menni. Elle est très passionnée, à fleur de peau et elle ressent les choses si intensément que j’ai toujours eu peur des conséquences d’un cœur brisé sur elle. Et hamdoullah, elle a eu la chance de tomber sur un garçon gentil, qui l’aime et la respecte. Khemmem chwiya b3aklek.
Papa : Habitou thablouni fi had dar !
Maman : Meriem est une adulte et elle a le droit de faire ses choix sans entrave. Nous devrions être un support pour elle, au lieu d’être un obstacle.
Papa : Kifach tekedri tkoulili hakda ya mra ? Je n’ai jamais brimé mes filles, je les ai toujours encouragées à avoir plus et mieux.
Maman : ton mieux n’est pas le sien et ta perception de la vie n’est pas la sienne. Si elle est sure de ses choix, kheliha.
Papa : et si c’est une mauvaise idée ?
Moi : nloum ghir rouhi.
Il secoua la tête, prêt à céder.
Papa : Mehdi il pense quoi de tout ça ?
Moi : Il ne sait rien de tout ça. Makoultlouch pourquoi tu as refusé ni que je te harcèle constamment pour que tu changes d’avis. La seule chose qu’il ait demandé après ton refus c’est que je me calme et que je laisse le temps passer.
Papa -au bout de quelques instants : Habitou thablouni, c’est ça ?
Moi : Pas du tout.
Papa : Ya tefla est ce que raki jayba khber belli tu as à peine 19 ans et lui 25 ans. Rakou drari. Ma3endkoumch même pas win tesseknou.
Moi : Tu te trompes, Mehdi a tout prévu.
Papa : C’est hors de question que tessekni fi hadik dar.
Moi : Ça n’a jamais été envisagé.
Papa : Tu es toujours en contact avec lui…
Il avait à peine prononcé cette phrase, qu’il se rendit compte de l’évidence.
Maman : Des fois tu devrais tourner ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler.
Papa : 3aytilou koulilou yji.
Maman : Hbelt rahi krib minuit…
Moi : Wacha3lih, je vais lui demander, il va venir et on va régler cette histoire ce soir.
Mehdi n’avait pas compris pourquoi mon père voulait le voir mais il s’exécuta. Moins de dix minutes après, il m’appelait pour me dire qu’il était devant la porte mais qu’il ne voulait pas sonner pour ne pas réveiller ceux qui dorment.
Maman : Hein, tu vois ? Lewled 3akel ou mrabi ! Et surtout ymout 3la bentek.
Mon père marmonna quelque chose qui ressemblait à un hebitou thablouni et lui a ouvert la porte. Ki cheftou, kelbi hbes, il était tellement beau que c’en était douloureux. Mon père l’invita dans le salon, referma la porte et ils discutèrent pendant plus d’une heure. A un moment, j’ai voulu aller écouter ce qui se disait mais ma mère m’en a empêché.
Maman : respecte cet échange entre eux. Essenay ykemlou ou seksi Mehdi.
J’étais dans la chambre de ma mère, allongée à côté d’elle, lorsque mon père a fait irruption dans la pièce.
Moi : Aw kemeltou ?
Papa : Oui
Maman ne posa aucune question, Je voyais qu’ils se parlaient rien qu’en se regardant. C’est ça aussi mes parents. Yetfahmou rien qu’en se regardant. Ils ne s’étaient jamais cachés du fait d’avoir été amoureux et de s’être fréquentés quelque temps avant de se marier. Et le temps n’avait pas altéré leur relation, bien au contraire. Aujourd’hui encore, ils passent des heures à discuter, à rire, rien que tous les deux. Leur complicité a été renforcée par les années.
Moi : HE HO ! Je suis là. Je suis la principale concernée par cette histoire, alors arrêtez ces messes basses et parlez-moi.
Papa : 3ayti l ton futur mari, yfahmek.
Sur le moment, je n’ai pas compris. Je me suis précipitée dans ma chambre, j’ai pris le téléphone et j’ai appelé Mehdi. Il a décroché immédiatement.
Moi : Coucou Didou. Alors wech kalek.
Mehdi : mahdertich m3ah ?
Moi : Non, ki seksitou, kali seksi ton futur mari.
Mehdi -en riant- : apparemment cerveau ta3ek rahou tafi ga3 ou koulech.
Moi…
J’ai mis du temps avant de réaliser ce que ça voulait dire. Mon père avait enfin accepté que j’épouse Mehdi. Sans m’en rendre compte, j’ai raccroché au nez de Mehdi et je me suis précipitée dans les bras de mon père. Pendant cinq minutes, je l’ai serré tout en le remerciant et en m’excusant.
Papa : J’espère juste que je n’aurais pas à le regretter.
Apparemment, Mehdi avait su trouver les mots qu’il fallait pour convaincre mon père. Il m’a avoué qu’il avait su qu’il avait gagné lorsque mon père avait souri quand Mehdi lui avait dit qu’il ne voulait pas chambouler sa vie ou lui prendre sa fille mais qu’il voulait juste devenir un nouveau membre de notre famille. Je crois que cette version a beaucoup plu à mon père. Il l’écouta avec moins de préjugés après ça. Papa avait exigé de Mehdi quelques petites choses : pas de violences, pas d’alcool, que je finisse mes études et que je ne vive pas dans la même maison que son père. Papa n’avait aucun doute sur le fait que babat Mehdi était gentil et correct mais il ne voulait pas que je me retrouve dans la zone de tirs lorsqu’il serait dans ses mauvais jours. Mehdi accepta sans ciller. Lui-même m’avait avoué qu’il ne voulait pas prendre le risque que je vive sous le même toit que son père. Ceci étant établi, Mehdi et moi avons eu la permission de nous marier. Le lendemain après-midi, il est venu avec sa famille pour demander ma main officiellement. Nous avons décidé de nous passer de toutes ses étapes de choufa, khetba traditionnelle , kti3 chert et dfou3. Ce n’était un secret pour personne que Mehdi et moi nous nous aimions et nos parents nous ont laissés libres Mehdi et moi de décider du lieu, de la date et des détails du mariage.